Ode à l'arrosoir
Ôde à l'arrosoir
ODE À L'ARROSOIR
On te sait impatient
de quitter l’appentis,
face au tuyau captif
allongé sous les ifs,
tel un chat indolent
suscitant ton mépris.
Puis la main te saisit,
t’arrachant à l’ennui.
On t’entend approcher,
tes flancs féconds résonnent
sous les coups de bélier
de la manne impatiente.
Tout ton public est là,
fidèle, et puis ravi
quand sur lui tu te penches,
quand enfin de ta pomme
jaillit l’eau bienfaisante,
aux reflets irisés
jouant du jour tardif
sur les carrés meurtris,
les légumes alanguis,
par les membres foliés
aussitôt applaudie.
Ô toi, faiseur de pluie,
fais swinguer nos pétales.
Ô toi, calice des jardins,
qu’enfin tu nous abreuves.
Ô toi tam-tam du jour qui tombe,
Fais vibrer nos corolles.
Ô toi, friselis au jour faibli,
Fais-nous douce la nuit.